Je sais

Je sais

Antoine Schmitt, 1996.

Ordinateur, dictionnaire, algorithme aléatoire. Non interactif.
Installation, conçue pour être videoprojetée sur un mur ou montrée sur écran, dans un cadre d’exposition (en ligne ou hors ligne). La durée est infinie, il n’y a pas de fin.
Créée en 1996, au sein de la série Jalons 8/96.
 Présentée dans de cadre de l’exposition Ouverture 3, au Château de Bionnay en juillet 1998.
Des phrases nous disent “qui sait quoi sur qui”. Le spectateur évolue dans l’univers de la connaissance au sein d’une intrigue abstraite entre des personnages de cinéma, et ceci sans fin.

” Pour cette pièce, j’ai suivi la même démarche que pour le Pixel Blanc, c’est à dire une démarche consistant à remonter de l’effet à la cause, à considérer ce que l’on voit comme l’apparence de quelque chose de plus primordial. Mais cette fois-ci je l’ai appliquée dans l’univers de la narration.
Je me suis placé dans l’univers des histoires, et je me suis demandé ce qui causait les histoires, c’est à dire ce qu’on trouve lorsque, à partir d’une narration, on remonte le temps. Je me suis focalisé sur les relations épistémiques entre les personnages, c’est à dire les relations de connaissance: qui sait quoi sur qui. Si on remonte à la source des histoires, on retrouve très souvent ce genre de relation (untel sait que untel a fait ceci, untel ne le sait pas mais le pense, etc…).
J’ai cherché à placer un algorithme dans cet univers des relations épistémiques, et je l’ai programmé pour qu’il évolue à sa guise dans cet univers, constitué de toutes les phrases étant des combinaisons de je/tu/il/elle, savoir/penser/croire, la négation éventuelle, etc… Ceci correspond à peu près 6000 phrases. Pour simplifier l’algorithme, je l’ai programmé pour qu’il évolue de manière aléatoire: il pioche l’une après l’autre les phrases et les affiche.
On obtient ainsi une sorte d’abstraction de narration. La forme (texte blanc sur fond noir, sous-titrage en anglais) renvoie aux cartons des films muets, et contribue à nous plonger dans l’univers narratif, avec un minimum d’effets.”
Antoine Schmitt – July 2000

Jalons 8/96
[Ceci est un texte de présentation rédigé en 1997. Le CD-Rom n’a jamais été exposé, bien que certaines pièces le composant l’aient été. A l’époque, je parlais de “vidéo infinie” pour ces pièces, je pense qu’aujourd’hui on dirait pièces génératives. Aussi, je ne parlais pas d’algorithmes, bien qu’ils soient évidemment déjà présents, mais je n’en ressentais pas encore l’importance… Août 2000]
“Jalons 8/96” est une compilation de 6 pièces vidéo infinies, totalement indépendantes les unes des autres. Elles jalonnent et représentent mes recherches plastiques sur le temps, le destin, la narration et la volonté. La plupart mettent en scène une “volonté simulée”, plongée dans le temps et/ou dans une histoire. Le spectateur oscille, tendant à être aspiré au sein de la représentation dont il voit les effets à l’écran. On dirait qu’il y a une présence dans la machine.
Ce travail traite de la présence, et tente de caresser son essence. La présence, l'”être” (l’existant), sont ancrés dans le temps, dans les projections d’autrui, dans des histoires. C’est ce dont ces pièces tentent de parler.
Présentation
Chaque pièce est indépendante des autres. Ce sont des objets “vidéo”, conçus pour être présentés comme tels: ordinateur caché, sans clavier ni souris, moniteur seul, ou mieux, projeté sur écran dans une salle sombre. Certaines sont sonores.
Ces vidéos sont infinies, mais pas en boucle. L’instant, la “volonté simulée aléatoirement” y jouent un rôle fondamental. Elles sont donc conçues pour tourner non-stop.
Toutes les pièces sont présentables indépendamment.
Les pièces
”Je sais”: Une, deux ou trois personnages discutent indéfiniment de qui sait quoi.
”Trop Tard”: Quelqu’un essaye indéfiniment de nous dire quelque chose de très important.
”Un Bit En Boite”: Un bit erre dans une boite, et laisse des traces. (Devenu depuis Le Pixel Blanc)
”Psychose”: Quelqu’un tente indéfiniment de rassembler ses deux moitiés. (Devenu depuis La Figure Rouge)
”Autoportrait Sfumato”: Des pensées courent dans mon esprit.
”Autoportrait avec Roue Emotive”: Moi et mon instant. Antoine Schmitt

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