Nanomachine
Antoine Schmitt, 2002.
Performance audio-visuelle.
Images, sons, algorithmes
“La nanomachine est une performance audio-visuelle dans laquelle j’improvise la création de nanoensembles en public, en utilisant un logiciel programmé par moi-même pour l’occasion.
Un nanoensemble est un ensemble d’objets minimaux, chacun ayant son propre forme, son et comportement automone, qui déclenche et influence celui de ses voisins, donnant ainsi naissance à une machine rythmique complexe et semi-autonome, à la fois entièrement appréhendable et complètement désorientant en raison de sa complexité. La signature audio est celle d’un mix d’échantillons sonores en boucles rythmiques ambigües, sorte de généralisation extrême de Pendulum Music de Steve Reich, l’aspect visuel est fortement abstrait lumineux et mou. De tels nanoensembles peuvent être vus en action ici .
Dans la nanomachine, j’improvise une lente construction et déconstruction de tels nanoensembles, les uns après les autres, en utilisant un outil logiciel construit par moi-même pour cet usage, appelé nanomachine et qui donne son nom à la performance. La construction est assez délicate comme les machines deviennent souvent instables. L’écran de mon ordinateur est projeté au public et le son de la machine est envoyé aux amplificateurs sonores. Comme pour une improvisation musicale, l’ensemble du processus de construction est ainsi complètement ouvert et lisible.
Le dispositif (la délicate improvisation en temps réel, l’entière lisibilité par le public, l’ambiguité de la machine, les sons et images enveloppants) font de la nanomachine une expérience forte et riche pour tous publics.
Par ailleurs, la nanomachine est une nouvelle expression, dans le champ des VJs/DJs, de ma recherche plastique, dans laquelle les systèmes programmés temps réel autonomes sont mis en avant comme matière à part entière, et dans laquelle les médias traditionnels comme l’image ou le son sont considérés comme des manifestations de processus et de forces sous-jascents. Avec la nanomachine, ce n’est pas le son qui suit l’image ni l’image qui suit le son: les deux trouvent leur origine dans la même machine, ou plutôt dans les multiples objets qui composent l’ensemble. Le fait que, dans la nanomachine, la causalité (de l’objet à l’image et au son, d’un objet à ses voisins, d’un objet à l’ensemble) soit légèrement dérèglée et toujours changeante, met explicitement l’accent sur cette approche. Les sens ainsi que le raisonnement du public sont constamment sollicités, leur attention balançant entre réalité et abstraction. Frank Stella disait : “What you see is what you see”, et ici, c’est ce que le public ressent, et rien de plus, qui le questionne.
La nanomachine est une lutte publique avec une Gesamtkunstwerk minimale en formation.” Antoine Schmitt
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